Convivialité dans les transports pour tou.te.s
Le 9 octobre 2019, l’asbl Objectif a organisé une action dans le cadre d’un projet Égalité des Chances de la ville de Bruxelles. Cette action visait l’égalité des genres dans les transports en commun. Le but de l’action était de permettre aux passant.e.s de s’exprimer librement sur cette thématique avec un slameur, Bout de Souffle, et une slameuse, Gemini Jack, du collectif de slam Bruxellois Slameke. Le produit de ces rencontres a permis l’écriture des poèmes poignants offerts aux personnes participantes.
L’activité a eu lieu en collaboration avec le bus Living Together de la STIB.
Malgré le temps pluvieux, la journée s’est déroulée sans trop d’encombres… Voici le résultat de cette activité enrichissante pour nous tou.te.s.
Par Gemini Jack
- Pour Farida
Départ routine habituelle dans le bus 53Quand j’y grimpe, j’ai déjà le cœur qui batLe cœur qui bat, le cœur qui gonfle et se bombeComme une armure ; je prends un grand Souffle Pour bomber mes poumons d’air, frais ;Et puis j’entre en apnée dans un domaine dangereux,Je le sais d’avance, j’aurai le souffle coupé,Je le sais, je manquerai d’air Un peu plus à chaque fois Que quelque malotru, que quelque grossier malfrat Osera, L’un après l’autre, manquer d’air ! Ah ! Celui-là, je le vois déjà, il ne manque pas d’air, Ou peut-être bien qu’il me prendra le mien Je le vois bien qui entre, J’expire un coup, pour me détendre, Il osera pisser là, puis il osera s’asseoir là Se poser près de moi Je retiendrai mon souffle, ma voix ; Ah ! En voilà un autre, il est entré avec ses gros sabots, Et avec sa langue bien pendue Je l’ai bien vu, J’expire un coup, Pour me détendre Il osera lui aussi s’asseoir là Pour me susurrer ses grossièretés Et je retiendrai mon souffle, ma voix ; LA PRESSION MONTE – L’un après l’autre, Je perds mon souffle, ma voix, tu sais ; Ce n’est pas un trajet, C’est un agglutinement d’aveugles Qui m’écrasent jusqu’à ce que j’implose Que je les laisse oser ; jusqu’à ce que je craque Penaude, Je capitule Je descends du bus 53, J’ai manqué d’air Je prendrai le suivant. Départ routine habituelle dans le bus 53Quand j’y grimpe, j’ai déjà le cœur qui batLe cœur qui bat, le cœur qui gonfle et se bombeComme une armure ; je prends un grand Souffle Pour bomber mes poumons d’air, frais ;Et puis j’entre en apnée dans un domaine dangereux,Je le sais d’avance, j’aurai le souffle coupé,Je le sais, je manquerai d’air Un peu plus à chaque fois Que quelque malotru, que quelque grossier malfrat Osera, L’un après l’autre, manquer d’air ! Ah ! Celui-là, je le vois déjà, il ne manque pas d’air, Ou peut-être bien qu’il me prendra le mien Je le vois bien qui entre, J’expire un coup, pour me détendre, Il osera pisser là, puis il osera s’asseoir là Se poser près de moi Je retiendrai mon souffle, ma voix ; Ah ! En voilà un autre, il est entré avec ses gros sabots, Et avec sa langue bien pendue Je l’ai bien vu, J’expire un coup, Pour me détendre Il osera lui aussi s’asseoir là Pour me susurrer ses grossièretés Et je retiendrai mon souffle, ma voix ; LA PRESSION MONTE – L’un après l’autre, Je perds mon souffle, ma voix, tu sais ; Ce n’est pas un trajet, C’est un agglutinement d’aveugles Qui m’écrasent jusqu’à ce que j’implose Que je les laisse oser ; jusqu’à ce que je craque Penaude, Je capitule Je descends du bus 53, J’ai manqué d’air Je prendrai le suivant.
- Pour Emmabelle
Un cri soudain comme un coup de tonnerreNuit noire je suis ce soir plus en colèreQue Jupiter assis sur son trône de fer ;Ma voix tranche, glace, défend, protège, hurleHurle et feûle pour faire taireLes sifflements-dagues qu’ils osent susurrer La nuit règne dans sa terreur, tu sais ;La nuit règne et trouble chacun de mes pas,Il ne me reste que peu de choix dans ma sueurL’angoisse me pousse encore à dire : Ce soir, je rentrerai à pieds,Ce soir, je préférerai marcher,Tous les jours je trouverai Mon refuge dans les pavés et la pluie Battante et le froid de BruxellesÀ défaut de croire qu’un train, Qu’un tram m’emmènera chez moi En sécurité. La nuit noire est étouffante des sifflements perversQui l’habitent et des silences qui la tolèrent.Un cri soudain comme un coup de tonnerre,Il faut rendre à Vénus sa voix, qu’elle dise Sa colère Qu’elle soit immédiate Tranchante, impartiale ; Qu’elle soit juste et intègre Dans les dégueulasseries ; plus que jamais Celles-ci elle ne les tolère.
- Pour Aya, Anita et Mia
Je suis pas sûre de te donner le feu vert, Pas pour me regarderJe suis pas sûre d’avoir envie que tu me dévisages, Je suis pas sûre ; Je devrais l’être : un regard ça dit beaucoup de chosesMais est-ce que ton regard vient pour me raconter de belles histoires ? Est-ce que tu me regarderas gentiment, lentement, Ou est-ce que tes yeux seront ceux de ce vieux envieux déplacé ? Est-ce que tu crois que je vais te laisser Me dévisager. Tu voudrais Le feu vert, mais j’ai que 14 ans, vieux pervers ! T’es bien trop occupé à créer le malaise, à planterL’idée que c’est ok, que c’est normal de me mater Peu importe l’âge ; En fait, déjà maintenant Si je te donne le feu vert, Je te laisse croire que j’dois me taire Je te laisse croire que j’ferai avec, Je te fais croire j’ferai avec, Mais je suis sûre, en fait, Que quand tu m’regardes Je vois rouge Et te renvoie ce malaise amer. Je suis pas sûre de te donner le feu vert, Pas pour me regarderJe suis pas sûre d’avoir envie que tu me dévisages, Je suis pas sûre ; Je devrais l’être : un regard ça dit beaucoup de chosesMais est-ce que ton regard vient pour me raconter de belles histoires ? Est-ce que tu me regarderas gentiment, lentement, Ou est-ce que tes yeux seront ceux de ce vieux envieux déplacé ? Est-ce que tu crois que je vais te laisser Me dévisager. Tu voudrais Le feu vert, mais j’ai que 14 ans, vieux pervers ! T’es bien trop occupé à créer le malaise, à planterL’idée que c’est ok, que c’est normal de me mater Peu importe l’âge ; En fait, déjà maintenant Si je te donne le feu vert, Je te laisse croire que j’dois me taire Je te laisse croire que j’ferai avec, Je te fais croire j’ferai avec, Mais je suis sûre, en fait, Que quand tu m’regardes Je vois rouge Et te renvoie ce malaise amer.
- Pour Mehdi
As-tu déjà observé les passants dans le bus Qui se tiennent sous tension et stressés, Essoufflés comme des sportifs ; Ils respirent bruyamment leur silence Et mon ennui m’amène ici : Prête-moi tes tensions, tes agitations, Habitant momentané de la rame de tram Il suffit d’un instant, d’un regard, D’un détour de hasard Et surtout de l’intention. Ces gens se tiennent en équilibre Et s’accrochent pour ne pas chuter, Se bousculer ; C’est un monde de pantins décousus qui Dansent et se désarticulent autour de moi ; Assis sur mon siège glacé Je vois ce monde d’acteurs en scène Et sans orchestre Je me ferai un plaisir d’être Votre joueur d’Hamelin ; Si vous m’octroyez une minute Et un mot Je vous ferai chanter au son de ma flûte.
Par Bout de Souffle
- Pour Marsha
On les connait toutes mais personne n’en parle.Ils sont partout aux heures de pointe dans les bus, les métros et les trams.Les frotteurs.À l’heure des indignations, des paroles se libèrent et résonnent, Ricochent sur les barreaux que nos peurs emprisonnent.L’éducation, le point de départ dans lequel un homme se sert Et dans lequel les femmes sont relayées parmi des faits divers. Ce monde n’est pas pour nous, dur de se sentir libreQuand chaque instant est un combat, parfois l’on pense à cesser de vivre.
- Pour Anass
Un jour on aura des bus gratuits. Y en a marre des contrôleurs qui nous donnent le vertige dans les transports en commun.Ici à Bruxelles on est quand même bien servi. Les lignes sont claires et simples et on rentre direct chez soi. Enfin, ça c’est quand il pleut car Si le temps est clément je prends mon vélo et ça repart.
- Pour Yvan-Loïc
À nos personnes âgées pour qui les transports en commun Sont un parcours du combattant, une aventure du quotidien.Un manque d’éducation et d’information Nous pousse à perdre le respect pour nos anciens.Nous devons prendre soin de nos aînés Comme de nos propres parents pour les accompagner Autant que possible et les aimer, Créer dès aujourd’hui de meilleurs lendemains.
- Pour Rahel
Histoire d’un bisou volé dans le métro parisien.Un inconnu dans un wagon vide s’assied à mes côtés et engage la discussion. Moi naïve, du haut de mes quatorze ans, répondant sans soupçon Jusqu’au point de non-retour me forçant à descendre à la prochaine station. À l’ouverture des portes le temps s’est accéléré. Il m’attrape la main et en un quart de seconde je le sens m’embrasser. Je repousse ce baiser forcé et prend la fuite l’instant d’après. Forcée, c’est le souvenir que j’aurai toujours de mon premier baiser.
- Pour Kenya
Quand la nuit tombe sur la ville, Le retour chez soi pour une femme devient difficile. Un parcours du combattant à éviter les pochtrons et les coins sans lumière. Rentrer seule n’est pas une mince affaire, On cherche du réconfort auprès d’une autre femme qui rentre chez elle. Une lutte quotidienne, une banalité invisible pour certains, mais bien réelle Quand en 2019, certaines doivent être accompagnéesSimplement pour pouvoir rentrer.
- Pour El Haddar
Pas facile de rentrer chez soi après minuit. Parfois obligé de rentrer en taxi, On devrait avoir des transports gratuits Et un service minimum de nuit. Aussi, il faut des ascenseurs dans toutes les stations Pour les parents en poussettes et les personnes âgées. Les gens doivent se sentir bien, ne plus s’entasser Pour pouvoir se respecter et réapprendre à vivre en commun.